Louvain remporte le titre de Capitale européenne de la Culture 2030, face à de solides candidatures de Namur et Molenbeek. Après un processus d’évaluation intensif, la ville universitaire a su convaincre le jury, mais les projets de ses concurrentes ont également été salués pour leur qualité et leur ambition.

Louvain, Capitale européenne de la culture 2030 : Le triomphe d’une vision humaniste

La Belgique a son ambassadrice culturelle pour 2030. Après une intense période de compétition et de préparation, c’est Louvain qui a été désignée Capitale européenne de la culture, un titre prestigieux qui la positionnera au cœur des échanges artistiques continentaux pour toute une année. Cette victoire est l’aboutissement d’un long processus à deux tours qui a vu pas moins de six villes belges se porter candidates, démontrant la vitalité et la diversité de la scène culturelle du pays.

La décision est tombée, et elle résonne comme un manifeste. En choisissant Louvain comme Capitale européenne de la culture pour 2030, le jury ne s’est pas contenté de désigner une ville : il a validé une vision audacieuse, celle où la culture cesse d’être un simple ornement pour devenir une force agissante, un puissant catalyseur de changement durable et de lien social.  La ville universitaire a su incarner un projet résolument tourné vers l’avenir, où l’art et le patrimoine dialoguent avec les grands défis sociétaux de notre temps.

Au cœur des festivités de 2030, Louvain ne sera pas la seule ville à briller. Elle partagera le titre de Capitale européenne de la culture avec deux autres métropoles. La première sera une ville chypriote, choisie parmi les finalistes Larnaca et Limassol, dont le verdict final est attendu pour la fin de l’année 2025. Quant à la troisième lauréate, elle proviendra d’un pays de l’AELE (Association européenne de libre-échange) ou de l’EEE (Espace économique européen), ou d’un pays candidat à l’Union européenne. Les regards sont actuellement tournés vers les villes finalistes de cette catégorie, Nikšić au Monténégro et Lviv en Ukraine, dont le nom de la ville gagnante n’est pas encore dévoilé.

L’histoire du label : un catalyseur pour les villes

L’histoire des Capitales européennes de la culture est celle d’une idée lumineuse, née en 1985 sous l’impulsion de la visionnaire Mélina Mercouri, alors Ministre grecque de la Culture. Le label, initialement conçu pour rapprocher les peuples, est devenu un véritable outil de développement urbain et d’attractivité territoriale.

Pour l’édition 2030, l’organisation de ce concours était assurée par les trois ministres belges de la Culture, en collaboration étroite avec la Commission européenne. Un processus de sélection en deux tours, encadré par un panel d’experts indépendants agissant en véritable cénacle d’arbitres de l’avant-garde européenne.

Une évaluation rigoureuse et exigeante se portant sur six critères essentiels : la stratégie à long terme, le contenu culturel et artistique, la dimension européenne, l’implication  et la mobilisation de la population locale, la gestion et la capacité de mise en œuvre par la mise en place de partenariats solides.

De six à une : le parcours des candidatures belges

C’est à la lumière de ces exigences que, sur les six villes belges initialement en lice (reprenant également les villes de Gand, Courtrai et Bruges), seules Louvain, Namur et Molenbeek ont été invitées à défendre leur vision lors de la finale.

Le président du panel, Jelle Burggraaf, a d’ailleurs salué la qualité de ces candidatures : ‘Elles partageaient toutes des qualités essentielles : la fierté de leur identité locale, la foi en l’Europe et un engagement fort à faire de la culture un moteur de transformation’.

Louvain rejoindra ainsi le prestigieux club des villes belges qui ont déjà porté le flambeau européen. La Belgique a déjà été représentée par Anvers en 1993, Bruxelles en 2000, Bruges en 2002 et Mons en 2015, démontrant la richesse et la diversité culturelle du pays au fil des décennies.

LOV Leuven & Beyond : le programme qui a conquis

Derrière le nom LOV Leuven & Beyond, se cache un programme d’une grande richesse, dont le titre est une élégante double-entendre qui évoque l’amour et l’acronyme de Lovanium, le nom latin de Louvain, sa région et son engagement.

Le projet s’articule autour d’une philosophie centrale, HumanNature, qui cherche à panser les fractures de notre époque – la polarisation sociale et la crise climatique – par le pouvoir de la connexion. Louvain a su convaincre le jury avec un programme ambitieux qui s’appuie sur les atouts de la ville, à savoir un capital humain exceptionnel, une attention particulière portée à la nature et à la durabilité, et un leadership éprouvé en matière d’innovation.

En matière de musées, d’arts et de patrimoine, Louvain n’a pas promis une simple fête, mais une transformation en profondeur. Le Musée M de Louvain, en tant que cœur battant de la scène artistique locale, deviendra une toile de fond pour des dialogues inattendus, où les chefs-d’œuvre des maîtres anciens résonneront avec les installations contemporaines les plus audacieuses.
De son côté, le Musée L de l’université (KU Leuven) mettra en lumière le lien intime et fertile entre la curiosité scientifique et l’émotion artistique. Le patrimoine, loin d’être figé, s’animera dans les espaces publics, se transformant en scènes de création à ciel ouvert, comme l’atteste l’installation The Big Bang, qui invite à une contemplation cosmique au sein même de la cité.

Des projets d’arts visuels, des résidences d’artistes et des festivals comme le Playground Festival viendront compléter cette ambition de faire de la ville un laboratoire vivant. Le programme de Louvain s’adressera à un large public et la ville s’engage à investir dans des infrastructures durables et l’innovation culturelle.

Fierté et fair-play, au-delà du choix

La victoire de Louvain a été accueillie avec une immense satisfaction, mais aussi avec le respect des concurrents.

Le bourgmestre de Louvain, Mohamed Ridouani, n’a pas caché sa joie. ‘Cette victoire est une reconnaissance de ce que nous pouvons accomplir en tant que communauté lorsque nous travaillons ensemble sur la base d’une vision positive’, a-t-il déclaré, soulignant que ‘le titre est une opportunité unique de renforcer notre position sur la scène européenne et de stimuler un développement à long terme’.

La déception est palpable à Namur, mais l’équipe de candidature, bien que non retenue, a des ambitions culturelles renforcées pour l’avenir. La Ville souligne que ‘malgré une solide candidature et une mobilisation exceptionnelle du territoire, elle n’a malheureusement pas été sélectionnée. Le travail accompli a permis de faire vibrer la candidature et de révéler nos forces’. Son projet de Namur, Confluences, proposait une vision artistique ambitieuse, structurée autour de trois grands axes thématiques : l’axe temporel (Passé/Futur), l’axe géographique (Local/Global) et l’axe sociologique (Tensions/Attentions).Laura Latour, commissaire du projet, exprime son souhait qu’il y ait ‘un héritage fort, avec une restitution de la candidature au territoire’. ‘Il faut maintenant se demander comment optimiser au maximum les opportunités, il n’est pas obligatoire de recevoir le label de Capitale européenne pour développer des projets’.  Annick Castiaux, présidente de l’ASBL Namur 2030, a quant à elle souligné que le projet a réuni des acteurs qui se parlaient trop peu et qu’ils continueront à soutenir la culture comme ciment de la société. En 2030, la Belgique célébrera le bicentenaire de son indépendance. Une occasion toute trouvée pour les initiatives de Namur 2030 de s’inviter à la fête.

Du côté de Bruxelles/Molenbeek, la réaction est également constructive. Saluant la victoire de Louvain, la commune de Molenbeek a affirmé que, malgré leur défaite, ‘ce moment ne marque pas une fin’. Le projet de candidature, qui se voulait rassembleur pour l’ensemble des communes bruxelloises, a créé une dynamique qui se poursuivra, notamment en encourageant la créativité et en intégrant l’art dans le quotidien des citoyens.

La victoire de Louvain n’est donc pas la fin de l’histoire, mais le prologue d’une nouvelle ère. C’est le point culminant d’une compétition qui, pour toutes les villes impliquées, a agi comme un puissant catalyseur, lançant des dynamiques culturelles qui transformeront la Belgique pour les années à venir.

LOV Leuven & Beyond
Louvain, Capitale européenne de la Culture 2030
https://www.lov2030.be/fr/