Published 1 octobre 2025 Commentaires 0 Commentaire Par Eric Mabille Tags Allemagneart contemporainCapitale Européenne de la CultureChemnitzChemnitz 2025Edvard MunchKunstsammlungen Chemnitzpeinture moderne Edvard Munch : la peur, le cri et les paysages de l’âme, aux Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne Par-delà le célèbre Cri, l’exposition Edvard Munch. Angst, aux Kunstsammlungen de Chemnitz, nous invite à plonger dans l’intimité d’une œuvre où l’émotion est le fil conducteur. Un rendez-vous avec le maître norvégien, – dans le cadre de Chemnitz 2025, Capitale européenne de la culture – qui s’annonce comme une véritable exploration de notre propre humanité. A voir jusqu’au 02 novembre 2025. Jusqu’où le pinceau peut-il sonder l’abîme des sentiments, capturer l’écho d’une peur universelle, l’ébranlement de l’âme face à la solitude ? L’exposition Edvard Munch. Angst nous en offre une réponse bouleversante. Edvard Munch (1863–1944), Deux êtres humains. Les solitaires, 1906–1908, huile sur toile, collection Musées d’art de Harvard/Musée Busch-Reisinger, Collection Philip et Lynn Straus, exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo Président et membres du Harvard College, 2023.551, Boombartstic Art Magazine Bien plus qu’une simple rétrospective, cette exposition – dialogue est une pierre angulaire du programme de Chemnitz 2025, Capitale européenne de la culture. Sous l’étendard de ‘C the Unseen ‘, la ville s’engage à rendre visible ce qui est tu, à affronter les tabous. Par son exploration de l’âme humaine et les questionnements qu’elle aborde, l’exposition Edvard Munch, Angst, fruit de prêts majeurs d’institutions internationales et nationales, est un puissant écho à cet engagement. Elle incarne l’idée qu’un musée n’est pas seulement un lieu de mémoire, mais un espace vivant où l’art peut éclairer nos doutes et ouvrir la voie à de nouvelles visions. Edvard Munch, entre Expressionnisme & Romantisme Artiste inclassable, Edvard Munch a su, le premier, capter la psyché de l’homme moderne avec une intensité sans précédent. Pionnier de l’Expressionnisme, il a porté sur la toile les tourments des Romantiques, non pas avec de la peinture et des pinceaux, mais avec son âme elle-même et ses propres questionnements. Sur papier, sur carton ou sur toile, ses coups de brosse, vifs, nerveux et incisifs, semblent s’adoucir en une véritable écriture de l’émotion teintée de spleen. Il a innové en utilisant des techniques aussi diverses que les lithographies, les gravures sur bois aux tracés sombres et la gouache. Munch transforme chaque support en un vecteur puissant de ses obsessions. Ses œuvres se déploient de salle en salle comme un cheminement intérieur, le miroir de ses propres tourments. Le parcours d’une âme en eaux troubles À première vue, on pourrait se perdre dans les toiles d’Edvard Munch, se noyer dans ces flots de couleurs sombres et denses ou et ces lignes sinueuses. Mais n’est-ce pas justement le génie de Munch que de peindre le monde comme un reflet à la surface d’une eau agitée, où la réalité se dissout en une angoisse liquide ? C’est ce que révèlent les 140 œuvres exposées dans l’exposition Edvard Munch, Angst (La Peur), une constellation de peintures, gravures, photographies et installations qui, comme des vagues, viennent frapper le rivage de notre âme. Dans un jeu de miroir, en surface, dans la matière, chaque coup de pinceau, chaque ligne ondulante ne cherche pas la fidélité de la forme, mais l’écho d’une émotion, le murmure d’un désespoir. Edvard Munch, du vertige de l’autre au dialogue Le parcours, loin de toute linéarité, se dessine comme une déambulation sensible et atmosphérique à travers les fragments d’une âme mise à nu. C’est d’abord un face-à-face avec l’Angoisse et les Cris qui s’en échappent, puis une plongée dans l’Autoréflexion et les autoportraits, miroir brisé d’une quête de soi. Les toiles se font ensuite le théâtre des Relations interpersonnelles, aussi complexes que douloureuses, avant que ne s’installe le silence assourdissant de La Solitude. Ce voyage introspectif culmine dans une série de Dialogues avec les artistes modernes et contemporains, qui s’emparent de ces thèmes éternels, comme une preuve que l’œuvre de Munch continue de nous parler, intimement, par-delà le temps. Un dialogue qui traverse les époques, où les œuvres d’Andy Warhol, Neo Rauch ou Erwin Olaf semblent faire écho aux tourments de Munch, révélant la permanence des grandes questions existentielles. Edvard Munch, une vie en clair-obscur Né en 1863 à Løten, en Norvège, Edvard Munch grandit dans une famille marquée par le deuil. La mort prématurée de sa mère et de sa sœur aînée de la tuberculose laisse une empreinte indélébile sur son âme et, par extension, sur son œuvre. Ces tragédies personnelles forgent une sensibilité qui deviendra le moteur de sa création artistique. Après avoir abandonné des études d’architecture pour se consacrer à la peinture, il s’inscrit en histoire de l’art à l’École technique de Kristiania (aujourd’hui Oslo) en 1880. Son style, profondément ancré dans l’expressionnisme, se nourrit d’une vision très personnelle et psychologique du monde. Son art se fait l’écho de ses angoisses, de sa solitude et de sa quête existentielle. En 1885, un voyage à Anvers lui permet de se familiariser avec les courants artistiques de son temps. C’est à cette époque qu’il commence à développer une approche picturale singulière, caractérisée par des coups de pinceaux vifs, un trait incisif, et des motifs ondoyants qui transforment le monde en un reflet liquide de ses émotions. Ses influences, allant du romantisme au symbolisme, l’amènent à se rapprocher de la Sécession berlinoise au début des années 1900, où il joue un rôle central dans la diffusion de l’expressionnisme allemand. Le destin de Munch est intimement lié à l’Allemagne. En 1904, la rencontre avec l’architecte belge Henry van de Velde et son mécène Herbert Esche, industriel du textile à Chemnitz, est un tournant majeur. Esche commande un portrait de sa femme, puis de sa famille, et lui achète plusieurs œuvres, devenant l’un de ses plus grands soutiens. En 1937, le régime nazi le déclare « artiste dégénéré » et confisque 82 de ses œuvres, même si une grande partie de la collection de gravures de Chemnitz échappe à la saisie. Cette ville allemande avait d’ailleurs organisé une grande rétrospective de son œuvre dès 1929. En 1944, à l’âge de 81 ans, Munch meurt paisiblement dans sa maison d’Ekely. Il lègue à la ville d’Oslo toutes les œuvres qui lui restaient, soit environ 1000 peintures, 15 400 gravures, 4500 aquarelles et dessins, ainsi que de nombreuses lettres et manuscrits. L’héritage se trouve aujourd’hui au Munchmuseet, à Oslo. Il n’était pas seulement un peintre mais aussi un graveur et un sculpteur. Ses estampes, et en particulier ses gravures sur bois, sont des chefs-d’œuvre à part entière qui témoignent de sa maîtrise technique et de sa capacité à explorer de multiples supports. Les Kunstsammlungen, une constellation d’art à Chemnitz Les collections d’art de Chemnitz, connues sous le nom de Kunstsammlungen Chemnitz, sont un véritable joyau culturel au cœur de la Saxe. Loin d’être un simple musée, il s’agit d’un ensemble de cinq institutions qui offrent un voyage fascinant à travers l’histoire de l’art, avec une attention particulière portée à l’expressionnisme et à l’art contemporain. Le cœur de ce réseau est la Kunstsammlungen am Theaterplatz, un imposant bâtiment néo-Renaissance inauguré en 1909 sous le nom de König-Albert-Museum. Aujourd’hui, il abrite l’une des plus grandes collections civiques d’Allemagne, avec un fonds impressionnant de peintures, sculptures, graphismes et arts décoratifs. Le musée met l’accent sur les mouvements artistiques du début du XXe siècle, notamment l’expressionnisme allemand ( dont une magnifique collection de peintures de Karl Schmidt-Rottluff, un des fondateurs du mouvement Die Brücke) , mais aussi sur les œuvres textiles et l’art contemporain, ce qui en fait un lieu de dialogue constant entre passé et présent. Mais l’expérience ne s’arrête pas là. Les Kunstsammlungen Chemnitz s’étendent à d’autres lieux remarquables : Le Musée Gunzenhauser : C’est la plus jeune institution du réseau. Il présente la collection privée du galeriste munichois Alfred Gunzenhauser, qui comprend plus de 3 000 œuvres de 270 artistes. Il est célèbre pour sa collection de chefs-d’œuvre de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle, dont des œuvres d’Alexej von Jawlensky, Kandinsky ou Paul Klee. Le Schloßbergmuseum : Installé dans un ancien couvent-château, ce musée se consacre à l’histoire de la ville de Chemnitz. Il expose des collections d’histoire locale, de peintures et de sculptures, de textiles historiques, de bijoux et d’objets du quotidien du XIIe au XXe siècle. Le Henry van de Velde Museum / Villa Esche : Cette villa, conçue par le célèbre architecte belge, est un chef-d’œuvre de l’architecture du début du XXe siècle. Elle abrite un musée dédié au travail de Van de Velde et son rôle dans l’art nouveau, le design moderne et comme initiateur du Bauhaus. La Karl Schmidt-Rottluff Haus : Nichée dans la banlieue verdoyante de Chemnitz, dans la maison natale de l’un des fondateurs du groupe expressionniste « Die Brücke », à proximité du moulin familial, ce musée est un lieu de mémoire et de création. Il est dédié à l’œuvre de l’artiste expressionniste et sert de centre de recherche sur l’art expressionniste, tout en organisant des expositions temporaires. Le Burg Rabenstein : Souvent appelée le ‘plus petit château de Saxe’, cette forteresse médiévale abrite aujourd’hui une exposition permanente sur la vie et l’œuvre de Hans Carl von Carlowitz, un pionnier de la gestion forestière durable. Edvard Munch Angst / La Peur Kunstsammlungen Chemnitz 1 Theaterplatz 09111 Chemnitz (Allemagne) jusqu’au 02 novembre 2025 mardi, du jeudi au dimanche, vacances, de 11h à 18h mercredi, de 11h à 19h30 https://www.kunstsammlungen-chemnitz.de/en/ Façade d’un des musées des Kunstsammlungen – Collection d’art, ville de Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo Kunstsammlungen Chemnitz, Boombartstic Art Magazine Edvard Munch (1863-1944), Le cri, 1895, lithographie, exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, capitale européenne de la culture, courtesy Morten Zondag Kunstformidling, Norvège, (c) photo Morten Zondag Kunstformidling/Morten Henden Aamot, Boombartstic Art Magazine Marina Abramović (*1946), Portrait with Golden Mask, 2010, vidéo, 30 min., courtesy Christen Sveaas’ Art Foundation, dialogue exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) courtesy Archives Marina Abramović – VG Bild-Kunst, Bonn 2025, Magazine d’art Boombartstic Edvard Munch (1863-1944), Soirée. Mélancolie I, 1896, gravure sur bois en couleur, collection Musée des arts de Leipzig, exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo bpk/Museum der bildenden Künste L, Boombartstic Art Magazine Erwin Olaf (1959–2023), Scènes – La Cuisine, 2005, Épreuve à développement chromogène, Studio Erwin Olaf, dialogue exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) Erwin Olaf, courtesy Galerie Ron Mandos – Amsterdam, Pays-Bas, Boombartstic Art Magazine Edvard Munch (1863-1944), Nuit étoilée, 1901, huile sur toile, collection Musée Folkwang, Essen, exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo Musée Folkwang, Essen – ARTOTHEK, Boombartstic Art Magazine Edvard Munch (1863–1944), Angst, 1896, lithographie, courtesy Art for Centuries, Norvège, exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo Art for Centuries, Norvège/Thomas Widerberg, Boombartstic Art Magazine Birgit Brenner (*1964), Ma peur, 2012, carton blindé, vernis acrylique, peinture acrylique, huile, peinture, dialogue exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) courtesy Galerie EIGEN + ART Leipzig – Berlin, (c) photo : Uwe Walter, Berlin, Boombartstic Art MagazineVG Bild-Kunst, Bonn 2025 Edvard Munch (1863-1944), Meurtrier sur l’avenue, 1919, huile sur toile, collection Musée Munch, Oslo, exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo Munchmuseet/Halvor Bjørngård, Boombartstic Art Magazine Edvard Munch (1863-1944) portrait d’Herbert Esche, 1905, huile sur toile, collection Kunsthaus Zürich, prêté par Herbert Eugen, Fondation Esche, 1997, exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo Kunsthaus Zürich – Peter Schälchli, Boombartstic Art Magazine Vue de l’exposition Edvard Munch, Angst, Kunstsammlungen Chemnitz, Allemagne, Chemnitz 2025, Capitale européenne de la Culture, (c) photo courtesy Kunstsammlungen Chemnitz, Boombartstic Art Magazine Auteur Eric Mabille "J’adore bouger et mon rapport à l’art est dans le mouvement, l’instinct et l’instant et ce depuis toujours. J'aime ce côté spontané, libéré de toute connaissance préalable, en vrai autodidacte. J’apprécie aussi pleinement le moment privilégié d’une preview presse, où seul dans une salle d’exposition, j’ai cette impression d’avoir toutes les œuvres pour moi. » Eric Mabille est diplômé en marketing, passionné de web, spécialisé en gestion de projets culturels et en marketing de destination et de niche. Il fréquente depuis plusieurs années l’atelier de dessin et les cours de chant lyrique à l’Académie de Saint-Gilles.
Escapades Paris 1955, l’Abstraction allemande au centre du Modernisme, musée Emil Schumacher, à Hagen