Published 27 mai 2024 Commentaires 0 Commentaire Par Eric Mabille Tags Alice PallotAliki ChristoforouAnys ReimannDana CojbucexpositionsGundi FalkHangar Photo Art CenterKira KraszLior GalMarina FontMoravid KPepe AtochaPhotographie contemporaineStephan VanfleterenSylvie BonnotVincent Zanni Unicités Multiples, Au-delà de la Photographie, Le Hangar, Bruxelles L’exposition ‘Unique au Hangar ; quand la photographie revient à ses fondements, privilégiant les processus lents, refusant la reproductibilité pour s’engager sur la voie de la création d’œuvres uniques. A voir jusqu’au 08 juin 2024. Ode au foisonnement des pratiques personnelles, l’exposition ‘Unique’ réunit 21 artistes-photographes qui ont su dépasser le simple tirage photographique pour le réinventer sculpture, dessin, collage, installation, tissage ou peinture. Une exploration multidimensionnelle des thèmes du paysage, du portrait, de la mémoire ; les plaçant sous l’angle des menaces, de l’anéantissement et de leur renaissance. Parmi les découvertes marquantes de l’exposition ‘Unique’ au Hangar, se trouvent une sélection d’artistes dont le travail a particulièrement captivé mon attention, aussi subjective soit-elle. Ces coups de cœur artistiques se lient par une exploration d’une multitude de thèmes, allant de la communication végétale à la résilience face à la destruction, en passant par la métamorphose des paysages et la complexité de l’identité humaine. Chacune de ces œuvres, porteuse d’une profondeur émotionnelle, touche le spectateur et le transporte dans un univers artistique riche en sens et en réflexion. L’appel de la forêt Les plantes, loin d’être inanimées, interagissent avec leur environnement par la lumière et des processus chimiques. Pepe Atocha explore cette communication végétale à travers la photographie analogique, qui partage cette utilisation de la lumière et de la chimie. Dans sa série dédiée à la flore de l’Amazonie péruvienne, il fusionne chaque plante avec son milieu en utilisant la double exposition et ajoute intuitivement des dessins de points et de lignes, symbolisant le mouvement des insectes et leurs émanations chimiques. Ces interventions révèlent des aspects invisibles de la réalité. Sylvie Bonnot crée des forêts organiques qui fusionnent avec leurs supports, semblables à du lierre s’accrochant à la fibre du bois, aux aspérités d’un mur ou au grain du papier. En questionnant notre relation à l’image, ses œuvres explorent la métamorphose physique et poétique, révélant la sensibilité organique de ses photographies. Depuis 2020, son corpus ‘Crawling Shadows’ capture la transformation du paysage forestier, inscrite dans une décennie de bouleversements climatiques et offre une lecture renouvelée de la forêt vibrante de poésie et de matière. Sous la surface, les abysses menaçantes Dans ‘Perspectives submergées’, Aliki Christoforou explore la prolifération des méduses à travers une série de photogrammes. Ce phénomène de ‘gélification’ des mers, accentué par la surpêche, la pollution plastique et le réchauffement climatique, illustre comment ces créatures urticantes prospèrent dans des écosystèmes marins perturbés par l’activité humaine. Les méduses représentent-elles une forme de résistance écologique et politique face à la violence humaine. L’artiste capture l’éphémérité leur vie ; leurs empreintes lumineuses se déposant sur le papier, témoignant de leur passage fugace. Dans ‘Algues maudites, essential photosynthesis’, Alice Pallot poursuit son exploration des problématiques environnementales et sanitaires liées à la prolifération des algues vertes toxiques dans les Côtes-d’Armor, examinant l’impact du réchauffement climatique et des rayonnements solaires sur cette prolifération. En faisant pousser des cultures d’algues sur ses tirages photographiques uniques, Pallot matérialise la toxicité anthropique invisible, imprimant cette réalité sur ses œuvres et transformant le support photographique en substrat vivant. Paysages et mémoire en cendre Dans ‘This Too Shall Pass’, Morvarid K explore les mécanismes d’adaptation humaine face à la destruction et notre capacité à apprivoiser l’horreur. Confrontée aux paysages calcinés et silencieux des incendies dévastateurs en Australie, elle capture des empreintes charbonneuses de troncs d’arbres consumés, enveloppées de risographies monochromes, mêlant la voix silencieuse des arbres à son écriture photographique. L’utilisation de fragments photographiques aux contours brûlés évoque la banalisation du sujet et l’effacement progressif de la destruction dans nos esprits. Dana Cojbuc ressuscite dans ‘Strange Place for Sunrise’, les vestiges d’une nature calcinée par ses dessins, cherchant à préserver et à réinventer les souvenirs d’un lieu cher en Roumanie. Oscillant entre réalité et fiction, elle prolonge la photographie par le dessin, créant de nouveaux liens entre différents espaces et invitant le spectateur à prolonger l’œuvre par leur propre imaginaire. Ce paysage devient alors un sanctuaire, un refuge poétique sublimé par des projections colorées qui ajoutent une dimension féerique et irréelle. Paysages en filigrane Lior Gal tisse des paysages méditatifs, mêlant fils et images. Ses œuvres, ‘Knots in Space’ et ‘A Journey on Foot IX’, fusionnent fragments arides et souvenirs, créant une perception unique. Le geste répétitif du tissage évoque le temps suspendu, transportant l’expérience du voyage dans l’intimité du foyer. Inspiré par la Puja hindoue, Gal célèbre la magie des paysages à travers son art. Ecrire l’architecture, l’alphabet visuel des structures Les chimigrammes de Gundi Falk dressent un alphabet formel des architectures industrielles, mêlant textures de pierre et de lichen. Utilisant la technique du chimigramme apprise auprès de Pierre Cordier, Falk réalise ses œuvres sans caméra, en pleine lumière, combinant peinture, gravure et photographie. Inspirée par le travail des photographes Hilla et Bernd Becher, elle réinterprète de manière subjective leur répertoire de bâtiments industriels. Ses chimigrammes, souvent composés de neuf éléments, explorent la sérialité et l’effacement, évoquant des silhouettes spectrales et des formes hybrides entre inanimé et animé. À travers ces créations, Falk nous entraîne dans une aventure archéologique, où les structures monumentales se transforment en créatures géologiques, inscrites dans un nouvel alphabet visuel. L’identité révélée, au-delà des étiquettes Marina Font explore la complexité de la psyché humaine et l’identité féminine à travers des couvertures photographiques enrichies de fils de laine. Utilisant une photographie en noir et blanc, elle imprime cette image sur des couvertures tissées, qu’elle transforme ensuite avec de la laine. En mêlant dessin et fil tissé, le corps devient une surface topographique, un réceptacle de souvenirs et d’émotions, ouvrant un dialogue entre biologie et psychologie, entre l’individu et son intimité. Dans ‘Étiquette, étiquette’, Kíra Krász explore les similitudes entre l’étiquette sociale et les étiquettes en papier. S’inspirant de Louis XIV qui imposa des règles de bienséance à sa cour, Krász scrute cette dualité historique et contemporaine. Le chiffre 25, emblématique dans cette œuvre, évoque les 25 pliages traditionnels de serviettes et les 25 images de son installation. Alors que certaines règles sociales du passé sont désuètes, d’autres persistent. Mutant vers les teintes pastel, l’étiquette évolue vers des formes plus rebelles et individualistes. ‘Le Noire…et Incarnat (Love Circle)’d’ Anys Reimann convoque une identité féminine intersectionnelle et fluide, inspirée par le personnage central du film « La Noire de … » de Ousmane Sembene. À travers cette histoire de liberté et d’autonomie, Reimann met en lumière la colère, la résistance et l’appropriation de la blancheur par cette femme, rejetant les certitudes et les normes masculines. Images du passé, la mémoire fuyante Dans ‘La Maison’, Vincent Zanni nous transporte dans une exploration poignante de la mémoire et de la disparition à travers ses archives familiales. En utilisant une palette variée de techniques photographiques, des cyanotypes au collodion humide, il illustre magistralement l’importance du processus artistique et des matériaux dans son travail pour nous dévoiler la dynamique changeante de notre mémoire ; une invitation à méditer sur la relation intime entre les images, les souvenirs et l’évolution de nos existences. En particulier, ‘La Maison’ capture avec une sensibilité touchante les différentes étapes du deuil de la maison de sa grand-mère, offrant ainsi une réflexion profonde sur la fragilité et l’impermanence de nos attachements et de nos histoires personnelles. Mémento Mori, les ‘Mains’ de Stephan Vanfleteren, les mains photographiées appartenant à l’artiste néerlandais Armando, dont l’œuvre est imprégnée de son expérience pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette photographie, initialement enterrée et dégradée par la nature, évoque la lenteur du processus de décomposition, en contraste avec la rapidité de l’obturateur de l’appareil photo. Ce processus de détérioration devient un développement artistique naturel, transcendant les produits chimiques de la chambre noire pour s’inscrire dans le cycle de la nature. Artistes présents dans l’exposition : NICOLAS ANDRY; PEPE ATOCHA; SYLVIE BONNOT; ALIKI CHRISTOFOROU; DANA COJBUC ; ANTOINE DE WINTER; GUNDI FALK; MARINA FONT; LIOR GAL; AUDREY GUTTMAN; ROMANE ISKARIA; MORVARID K; KÍRA KRÁSZ; DOUGLAS MANDRY; ALICE PALLOT; RAPHAËLLE PERIA; LUC PRAET; ANYS REIMANN; STEPHAN VANFLETEREN; LAURE WINANTS; VINCENT ZANNI. ‘Unique’, exposition collective Hangar – Brussels Art Center 18 Place du Châtelain 1050 Bruxelles jusqu’au 08 juin 2024 du mardi au samedi, de 12h à 18h https://www.hangar.art/ Catalogue de l’exposition ‘Unique – Beyond Photography’, €45.00 Vincent Zanni, La Maison #2, impressions cyanotype sur gélatine, verre, acier, eau, 30x50x148cm, 2023,exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) Vincent zanni, Boombartstic Art Magazine Hangar, Brussels Photo Art Center, Bruxelles, exposition Unique, 2024, (c) photo Be Culture, Boombartstic Art Magazine, Sylvie Bonnot, Saut Sabbat, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) et (c) photo Sylvie Bonnot, Boombartstic Art Magazine Moravid K, série This too shall pass, 2022-2023, exposition Unique, Hangar Brussels Photo Art Center, 2024, (c) et (c) photo Moravid K, Boombartstic Art Magazine Aliki Christoforou, Perspectives submergées, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) et (c) photo Aliki Christoforou, Boombartstic Art Magazine Alice Pallot, série Algues Maudites, Essential Photosynthesis, 2024, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) et (c) photo Alice Pallot, Boombartstic Art Magazine Dana Cojbuc, Strange Place for a Sunrise, installation photo – dessin, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) Dana Cojbuc, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Marina Font, Photo-based Textiles, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Centre, Bruxelles, 2024, (c) Marina Font, (c) photo Be Culture, Boombartstic Art Magazine Kira Krasz, Etiquettes, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) et (c) photo Kira Krasz, Boombartstic Art Magazine Pepe Atocha, Ayahuasca Cielo, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) et (c) photo Pepe Atocha, Boombartstic Art Magazine Anys Reimann, Le Noire de XLVIII, 2023, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) Anys Reimann & VAN HORN, Düsseldorf, Boombartstic Art Magazine Gundi Falk, série Becher Variations, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) Gundi Falk, (c) Photo Erik Luntang, Boombartstic Art Magazine Lior Gal, Knots in Space et A Journey on Foot IX, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) Lior gal, (c) photo Be Culture, Boombartstic Art Magazine Stephan Vanfleteren, Armando Handen, exposition Unique, Hangar – Brussels Photo Art Center, Bruxelles, 2024, (c) et (c) photo Stephan Vanfleteren, Boombartstic Art Magazine Auteur Eric Mabille "J’adore bouger et mon rapport à l’art est dans le mouvement, l’instinct et l’instant et ce depuis toujours. J'aime ce côté spontané, libéré de toute connaissance préalable, en vrai autodidacte. J’apprécie aussi pleinement le moment privilégié d’une preview presse, où seul dans une salle d’exposition, j’ai cette impression d’avoir toutes les œuvres pour moi. » Eric Mabille est diplômé en marketing, passionné de web, spécialisé en gestion de projets culturels et en marketing de destination et de niche. Il fréquente depuis plusieurs années l’atelier de dessin et les cours de chant lyrique à l’Académie de Saint-Gilles.